La.Marveilleuse Plume Éméchée
Messages : 407 Plumes : 373 Date d'inscription : 02/01/2013 Âge : 109 Localisation : Sur la lune
| Sujet: Brise glace Mar 18 Juin - 19:08 | |
| Titre :Brise glace Auteur :Jean-Philippe Blondel Traducteur (facultatif) :Français Editions :Acte sud Junior Date de parution (facultatif) : 4ème de couverture :Brise Glace "Et toi, tu es qui? La question se perd dans le brouhaha du bar, mais les mots m'ont atteint, là, juste en dessous de la poitrine. Moi. Qui je suis? Il y a un moment où c'était facile de répondre. J'étais le fil de mes parents. le bon-élèves-presque-premier-de-la-classe. Un des trois du trio inséparable. Et puis, tout a explosé. Maintenant, je ramasse les pièces du puzzle et essaie de créer un nouveau tableau" Solitaire, secret, Aurélien n'aspire à rien d'autre qu'à oublier et se faire oublier. Mais dans son lycée, Thibaud semble s'être focalisé sur lui, décidé-pour quel motif?-à briser la glace et gagner son amitié. Votre Propre Résumé :Aurélien,est un jeune lycéen qui se fond dans le décor, jusqu'au jour ou Thibaud, un populaire du lycée viennent lui parler.Il font alors devenir ami Thibaud va montrer à Aurélien ce qu'es le slam et Aurélien va se mettre à écrire une histoire, son histoire. Thibaut va alors découvrir le triste passé d'Aurélien, et comprendre pourquoi il reste toujours à l'écart. Critique : J'ai beaucoup aimé ce livre car on ressent vraiment ce qui se passe , on apprend tous sur ce jeune homme Aurélien, tous son passé pourquoi il a déménagé, pourquoi il reste toujours à l'écart ce livre n'st pas comme les autres et c'est ça qui m'a vraiment plu. Ce livre nous apprend que même si on a vécu des trucs horribles dans notre vie il faut continuer à vivre et laisser le passé derrière nous. Un très bon livre que je vous recommande Note : 19/20 Petit plus à ne lire seulement si vous voulez savoir le passé d'Aurélien - Le slam d'Aurélien:
La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient, C'est un pan de ta veste, la douceur de vos mains Et ce décor trop grand pour que je le contienne Ce paysage trop blanc qui s'inscruste en mes veines C'était tellement beau. Les collines autour, les sentiers qui y mènent L'étang en contrebas, la neige que l'on sème Dans mon crâne, une musique fait des siennes Quand elle s'en va, j'attends qu'elle me revienne Elle fait Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tac, tac Elle fait Flic, flac, flic, flac, flic, flic, flac, flac, flaques Tu l'entends, dis, tu l'entends? Tu l'entends, le rythme de mon sang? La seul chose qui me reste, la seul chose qui me tient, C’est les mots jetés en l’air, l’envie du lendemain Dans ce décor trop grand, dans ce décor trop blanc Dans cet eden d’hiver qui me glace les sangs. C’était tellement beau. Le rire de mon ami dans la nuit qui descent La voix de mon ami sur la glace de l’étang. Sous mon crâne, leur musique se fait mienne Quand elle s’en va, j’attends qu’elle me revienne Elle fait Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tc, tac Elle fait Ric, rac, ric, rac, ric-rac, ric-rac Tu l’entends, dis, tu l’entends ? La mémoire de tes yeux qui me cloue en dedans ? La seule chose qui me reste, la seule chose qui me tient, C’est la vie devant moi, en faire tout plutôt que rien Quelque chose qui pétille, quelque chose qui secoue Un temps qui vaille la peine de le vivre sans vous. Ce sera tellement beau. Les pièces où vous vivrez, les canapés, les fauteuils Qui de vos silhouettes n’auront pas fait le deuil Sous mon crâne, toujours la musique est la même Le temps, la glace, l’étang, je me casse. Ca fait Tic, tac, tic, tac, tic, tic, tac, tac Ca fait Cric, crac, cric, crac, crac , CARC Je ne vous entends plus, dis, je ne vous entends plus Tout, tout, tout a disparu. - Le passé d'Aurélien:
Je suis monté sur la colline, au-dessus du village.Mon téléphone a sonné. Samuel et Jérémy venaient de passer à la maison. Ils voulaient aller faire de la luge ou du patin à glace. Ils se demandaient où j'étais. "La glace, elle n'est pas encore assez solide pour faire du patin. Venez me rejoindre. Je suis aux ruines du château." Les ruines du château, au sommet de la colline, c'était notre point de rendez-vous habituel. C'était aussi le point de rendez-vous habituel de tous les jeunes des environs. On y retrouvait de tout, le dimanche matin- des bouteilles vides, des préservatifs plus ou moins usagés, des mégots. Curieusement, il y avait toujours quelqu’un qui se chargeait de tout nettoyer dans la semaine.Pour que ça redevienne un territoire vierge, pour le week-end suivant. Parfois, je pensais aux gens qui avaient vécu ici. A ceux qui étaient enterrés sous nos pas. Ce n’était pas un châteaux à proprement parler-c’était une sorte de tour de guet – le genre de bâtiment médiéval qu’on trouvait sur les points culminants des terres du seigneur, pour prévenir les villageois en cas d’invasion ennemie. Je suis le seigneur du châteaux. Mon invasion était amie. Je suis ma propre destruction. Ensemble. Nous étions ensemble. Nous avons parlé des filles qui voulaient sortir avec nous- surtout avec Samuel, c’était le plus grand et le plus beau, mais nous n’étions pas jaloux, Jérémy et moi, nous avions froit aussi à des propositions. Nous avons évoqué les profs, leus tics, les anecdotes qui se rattachaient à leur nom. Nous marchions dans la neige, les mains enfoncées dans nos poches. Nous aurions pu rentrer chez l’un ou chez l’autre, mais c’était dimanche, les parents à la maison, la télé allumée pour le grand-père venu déjeuner, la sœur ou le frère qui tourne en rond et passe de l’ordinateur à la console en répétant qu’il ou elle s’ennuie. La Wii, c’est bien surtout quand la maison est déserte et que tu peux te lâcher. J’aimais bien traîner avec eux. Jusqu’à l’année dernière, on ne ‘‘traînait’’ pas ensemble. On se voyait pour taper un foot ou dans une balle de tennis, pour jouer en ligne ou pour mater un DVD. Tout ça avait changé sans qu’on s’en rende vraiment compte. Nous avions commencé à discuter, de choses, d’autres – à lâcher des secrets de famille sur la mère qui boit en cachette ou le père qu’on aurait juré reconnaître en train d’embrasser une femme bien plus jeune, dans le parc près de la gare. Sans le savoir, nous avions pris une nouvelle direction. Nous ancrions nos attachements dans autres chose que l’habitude. J’étais impatient de les voir, chaque matin, pour aller au collège. Je sais qu’ils partageaient cette impatience.Nous découvrions ce que c’était, l’amitié. Mes amis. Samuel et Jérémy. A un moment, on a eu froid. On est entrés chez Jérémy. Il y avait là son oncle, sa tante et ses petits cousins. Ca grouillait dans tous les sens. Ca jouait aux Pokémon, ça hurlait dans la montée d’esclier, ça riait dans le jardin. Je me suis dit que quelques années auparavant, c’étaient nous, ces gosses. Et que dans quelque années nous serions les parents. J’espérais que la vie ne nous séparerait pas. Que les études, les mariages, le travail ne couperaient pas les liens. Que nous resterions Samuel, Jérémy et moi.Le triumvirat, comme le prof d’histoire aimait nous appeler. La mère de Jérémy faisait des crêpes. Le Nutella coulait à flots. C’était l’hiver. Nous avions passé la journée dehors. La chaleur soudaine de la maison nous donnait le rouge aux joues. Mon père a téléphoné. Il voulait savoir où j’étais et me rappeler que j’avais encore du boulot pour la semaine prochaine. J’ai répondu que je n’avais pas oublié, que je n’allais pas tarder . De toute façon, la nuit commençait à tomber. Il était presque dix-huit heures. Samuel a fait la geule. Il n’avait pas envie de rentrer chez lui. Depuis quelque temps, quelque chose clochait entre son père et sa mère et l’ambiance était lourde. Samuel avait même émis l’idée d’être interne – mais ça signifiait aussi se séparer de ses deux meilleurs amis. Alors, quand il a dit ‘‘On se fait une dernière partie ?’’, on a accepté, bien sûr. Un foot sur le terrain, près de l’étang. Je me souviens que Jérémy a dit qu’il fallait faire gaffe quand même, l’herbe était gélée et on risquait de se péter une jambe. Samuel et moi, nous nous sommes moqués de lui. Jérémy avait toujours été le plus trouillard des trois. Le plus trouillard et le plus responsable aussi. Quelque tirs au but. Dix minutes, un quart d’heure – pas plus. On ne voyait presque plus rien, de toute façon. Il n’y avait personne alentour. J’étais frigorifié. J’ai dit ‘‘Je rentre’’, les mots sont montés dans l’air et Samuel a envoyé la balle bien au-dessus des poteaux de but. Au-dessus des barrières qui encadraient le terrain de foot. Au-dessus de sentier qui longgeait l’étang. Elle a atterri sur l’eau glacée, à une vingtaine de mètres du bord. Tout est allé très vite. C’est ça, surtout ce qui m’a choqué. Je pensais moi que le meilleur était devant nous. Je pensais que, si quelque chose clochait pour l’un d’entre nous, les deux autres seraient là pour le soutenir. Samuel, par exemples. On restait silencieux, mais à notre manière, on l’épaulait. S’il savait Samuel. S’il savait que ses parents se sont aidés, s’aident encore, s’aideront peut-être jusqu’au bout. Que toutes ces querelles qu’ils avaient ont disparu comme par enchantement . Ou par désenchantement. Ils sont ensemble. Ils restent ensemble. Ils veulent se souvenir, c’est ça pour eux, se soutenir. Se soutenir, c’est se souvenir. J’ai crié : ‘‘T’es pas cap d’aller la chercher, Samuel !’’ C’est ça, ce que j’ai crié. Il s’est mis à courir vers l’étang. Moi, je me marrais comme une baleine parce qu’il faisait l’andouille et que j’étais persuadé qu’il allait glisset et se casser la figure. Une chute digne d’un zapping démission de télé. J’ai même regretté de ne pas pouvoir filmer avec le portable parce qu’il n’y avait pas assez de lumière. C’est à cause du manque de lumière aussi que je ne peux pas me repasser la scène. Tout ce que j’entends, c’estt le bruit. Le son. Sur le coup, j’ai cru qu’un arbre tombait dans la forêt à côté. Je me souviens de m’être dit ‘‘C’est bizarre, il n’y a pas du tout de vent’’, et puis juste après, le cri de Samuel. Bien plus aigu que je ne l’aurais cru. Bien plus étranglé. Et bientôt, le silence. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien. Je restait là, les bras ballants, je me demandais où il était, Samuel : ‘‘Où il est Samuel, où il est, Jérémy qu’est-ce qui se passe ?’’Mais Jérémy, Jérémy qui avait toujours peur de tout, Jérémy, lui il avait déjà capté et il se précipitait, Jérémy, sans réfléchir aux conséquences. Il hurlait Jérémy, il répétait ‘‘Samuel, Samuel’’ et il courait lui aussi, il était fou, Jérémy. Le bruit, une deuxième fois – moins perçant. Et moi, qui tremblais des pieds à la tête. Qu’est-ce qui se passe, putain, qu’est-ce qui se passe ? D’un seul coup, le corp qui se met en marche, la voix, les jambes. Un loup. Ma mère dit que j’étais comme un loup. J’ai crié toute la nuit, j’ai crié, on a tous crié, on a hurlé, une meute de loups, il y avait tout le village, les pompiers, le maire, c’était ridicule, tout ça pour deux gamins qui faisaient une blague, parce qu’ils faisaient une blague, hein, ils allaient remonter, ou plutôt non, ils allaient sortir de la forêt en riant comme des cons, parce qu’ils nous auraient joué un bien bon tour. Hein ? Hein ? Mais leurs corps. Leurs corps congelés. Leurs corps bleus. Et puis la mère de Jérémy qui se précipite vers moi et qui me frappe, qui me frappe encore et encore, qui hurle qu’elle m’a entendu, elle fermait les volets, elle m’a entendu crier ‘‘T’es pas cap d’aller la chercher !’’, c’est à cause de moi -les pompiers, la police l’écartent doucementmais fermement et moi, je suis là, je ne bouge pas, je regarde la nuit, c’est la première nuit sans eux, mon Dieu, c’est la mremière nuit sans eux.
Quatre ans, tu sais, Thibaud. Quatre ans, et il n’y a pas une seule nuit où je ne m’endorme sans penser à eux , il n’y a pas une seule nuit où je ne me réveille pas à deux heures du matin, en me répétant que je dois mourir, moi aussi, qu’il fallait que je reste avec eux, qu’il fallait que nous y passions tous.
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